Bilan de l’année écoulée (avril 2018-juillet 2019) : et si nous n’étions pas faits pour être nomades ?

Dans cet article très personnel, je vais tenter de dresser un bilan de notre dernière année, depuis la naissance de Victor en avril 2018.

Notre vie est faite de libertés. Et nous adorons ça. Seulement, la liberté il faut savoir quoi en faire. Et en la matière, après presque 3 ans de vie nomade avec 1 puis 2 enfants, nous sommes toujours en quête d’un bon équilibre. Nous avons aujourd’hui une certaine liberté financière avec une entreprise sur le web qui tourne bien, ce qui démultiplie d’autant plus les possibles. On peut – pratiquement – tout faire, sans trop de contrainte, mais au fond, qu’est ce qui nous rend vraiment heureux ?

Voici donc un petit bilan et les réflexions sur ce que nous avons vécu et ce que nous projetons pour l’avenir, en commençant par un récit rapide et non exhaustif des 14 derniers mois de notre vie de nomades digitaux en famille.

Récit de notre vie nomade de l’année écoulée

En avril 2018, notre second enfant, Victor, est né. Nous étions alors installés dans un logement airbnb en Bretagne, dans un coin que nous affectionnons particulièrement. 1 mois plus tard, en mai, nous nous sommes lancés dans une nouvelle aventure : la vie nomade en camping-car. Nous avons ainsi sillonné les routes de France, de festivals en retrouvailles avec des proches en passant par des rencontres sur la route très enrichissante. Nous avons adoré cela, mais comme je l’écrivais dans cet article, cela ne nous a pas convenu à 100%.


Ainsi, en septembre 2018, en quête d’exotisme et d’un peu de stabilité, nous nous sommes envolés pour la Réunion où nous sommes restés 2 mois. 1 mois dans une location à Saint-Pierre et 1 mois à sillonner l’île. Nous avons beaucoup apprécié la Réunion, et avec un bébé de seulement 5 mois cela a été une destination rassurante pour nous (car toujours en France). De plus, la maman de Laetitia nous a rejoints durant 15 jours, nous offrant un relais avec les enfants.


En novembre 2018, nous avons pris un vol pour Bangkok avec pour objectif de passer l’hiver en Asie du Sud-Est, et particulièrement en Thaïlande. Ainsi, nous avons passé le mois de novembre dans le nord de la Thaïlande à Chiang Maï, où mes parents sont venus nous rejoindre durant 2 semaines (offrant là aussi un relais avec les enfants nous permettant de souffler un peu). Nous avons profité de leur passage pour faire un road-trip d’une semaine sur la boucle de Mae Hong Son.


En décembre, le démon du voyage nous a repris. Nous avons délaissé notre idée de se poser longtemps au même endroit pour enchaîner des destinations qui nous faisaient rêver depuis longtemps : Macao (2 jours), Hong Kong (6 jours) et Taïwan (3 semaines). Ces 3 voyages enchaînés sans pause ont été très riches et intéressants, mais assez fatigants avec les enfants.


La venue de nos parents respectifs en septembre et en novembre nous a démontré qu’il était intéressant pour nous d’avoir parfois quelqu’un pour s’occuper – avec nous – des enfants, afin de souffler un peu (et avoir du temps pour nous). Ainsi, en janvier 2019, suite à une simple annonce que nous avons posté sur notre page Facebook, nous avons accueilli, à Bangkok, Estelle, notre première fille au pair pour un mois et demi. Estelle nous a ainsi accompagnés en Thaïlande à Bangkok (4 jours) et Koh Samet (1 semaine), puis au Cambodge à Battambang (4 jours) et Siem Reap (10 jours) et enfin au Vietnam à Hanoï (3 jours), Hoi An (12 jours) et Da Lat (3 jours). Un programme assez chargé, mais avec tout de même beaucoup de moments posés au même endroit une semaine ou plus qui nous ont permis, avec l’aide d’Estelle de souffler un peu (enfin, surtout pour moi, me permettant de me consacrer activement à mon travail, car Victor, 9 mois, bébé allaité et porté, ne pouvait pas se passer de sa maman).


Nous sommes retournés à Bangkok mi-février pour accueillir notre seconde fille au pair avec qui nous nous sommes ensuite envolés sur Chiang Maï. Malheureusement, ce fut une grosse erreur de casting et cela a vite tourné court.

Après 15 jours à Chiang Maï, nous sommes allés début mars à Krabi dans le sud de la Thaïlande quelques jours. Nous y avons retrouvé avec plaisir une famille de nomades digitaux rencontrés à Chiang Maï. Au programme : plage, îles, discussions, jeux et… extension de visas !


Mi-mars, nous avons migré sur Phuket. Ce coin de Thaïlande très touristique ne nous attire pas plus que cela, mais c’était un bon point de rendez-vous pour se retrouver avec des amis en tour du monde. Nous avons loué une villa avec piscine que nous n’avons quitté qu’à de rares moments durant ces 13 jours pour aller à la plage ou faire des courses ! Un très bon moment, avec de super amis qui ont naturellement pris le rôle de la fille au pair qui nous avait lâchés !


Le 22 mars 2019 est le jour où nous avons rebasculé en mode « voyage ». Après quelques jours passés à Singapour, nous nous sommes envolés pour Pékin où nous avons passés 6 jours, entre Cité Interdite, ballades dans les Hutong et la Grande Muraille de Chine.


Début avril 2019, nous avons atterri à Osaka au Japon. Nous avons passé 4 jours à Wakayama où nous avons contemplé nos premiers cerisiers en fleurs. 3 jours à Nara où nous avons passé une délicieuse après-midi avec Akiko, la fiancée du cousin de Laetitia qui vit au Japon, dans le grand parc où vivent des centaines de daims. 5 jours à Kyoto à visiter des sites exceptionnels en grande partie avec des amis voyageurs. 1 semaine à Takayama durant le grand festival du printemps. 4 jours dans les montagnes. Et enfin une dizaine de jours à Tokyo, entre DisneyLand et le quartier de Shinjuku.


Début mai 2019, nous nous sommes envolés pour Nouméa en Nouvelle-Calédonie pour une semaine (le vol pour la Polynésie était moins cher avec cette escale qu’en direct depuis le Japon…) où nous avons passé plusieurs jours avec une famille de voyageurs rencontrés au Vietnam et qui ont une fille de l’âge d’Éléanor. Nous avons d’ailleurs fêté les 4 ans de cette dernière avec eux, au bord de la plage à Nouméa !


Le 10 mai 2019, nous sommes arrivés à Tahiti, début d’un grand voyage de 36 jours en Polynésie française. Tout d’abord 3 semaines dans les îles de l’archipel de la Société, puis 12 jours de croisières vers les Marquises. Un merveilleux voyage où, outre les paysages incroyables, la vie marine foisonnante (requins et raies étaient au programme), nous avons fait énormément de rencontres avec d’autres familles de voyageurs ou d’expatriés. Éléanor a eu donc très souvent des petits copains de son âge et nous des copains avec qui parler en français (que c’est reposant de parler sa langue maternelle !).


Nous sommes arrivés mi-juin à San Francisco aux États-Unis ! Le hasard a fait que la famille de voyageurs rencontrée au Vietnam puis à Nouméa était de passage à San Francisco en même temps que nous. Nous avons ainsi enchaîné les visites, promenades et terrains de jeux avec eux durant quelques jours. Pour finir, après 10 jours à San Francisco, nous avons fait une halte de 3 jours à Washington D.C. pour rendre visite à une amie avant de prendre un vol direct pour Paris le 1er juillet 2019.

L’heure du bilan : et si nous n’étions pas faits pour cette vie de nomades digitaux ?

En écrivant le récit de l’année écoulée, je réalise le chemin parcouru et tout ce que nous avons vécu cette année. Ce fut finalement assez intense, et nous avons encore une fois vécu des aventures incroyables !

Mais, il faut le reconnaître, nous finissons sur les rotules. Enchaîner autant de destinations avec des enfants en bas âge c’est assez fatigant.

Néanmoins, nous retirons plusieurs enseignements de cette année de voyage, comme nous en avions retiré lors de notre premier tour du monde.

Nous étions partis avec en tête de rester plus longtemps dans chaque endroit (idéalement 1 mois par lieu, dans le même logement), de ne pas chercher à tout visiter, et de ne pas en être frustrés. Bref, être en mode digital nomad à 100%.

C’est à moitié réussi, car sur l’année écoulée, si nous ne sommes restés que peu de fois un mois complet au même endroit, nous avons à de nombreuses reprises passés 1 semaine à 10 jours sans bouger ; et sans trop visiter.

Mais, c’est à moitié raté, car, d’une part, nous avons la bougeotte et l’envie de voyager et de découvrir le monde reste forte. Et d’autre part, nous nous rendons de plus en plus compte que la vie de nomades digitaux n’est pas faite pour nous.

Nous voyons de nombreux freins à cette vie :

  1. Le manque de relais avec les enfants (ils ont 1 an et 4 ans). Bien que l’envie d’élever nos enfants nous-mêmes fasse toujours 100% partie de notre ADN, nous nous sommes rendu compte avec les quelques expériences de cette année (visite des parents et fille au pair) que c’était parfois agréable (et nécessaire) de pouvoir souffler et avoir du temps pour nous (ne serait-ce que pour travailler !).
  2. Un mode de vie difficilement compatible avec nos aspirations profondes en matière d’écologie et de respect de l’environnement. Sans parler des vols aériens, manger bio, composter les restes ou déchets alimentaires, recycler les déchets qui peuvent doivent l’être, utiliser un minimum de plastique (et s’orienter vers une vie zéro déchet) est quasiment mission impossible à l’étranger (surtout en Asie). Il doit exister des solutions dans certains endroits, mais en étant 1 semaine à 1 mois dans chaque endroit, nous n’avons pas forcément le temps de les trouver.
  3. La difficulté d’avoir une alimentation saine et variée. Outre le fait, comme je le disais ci-dessus, de ne pas souvent trouver du bio, passer de logement en logement a comme inconvénient de n’avoir pas souvent les bons ustensiles et le bon matériel pour cuisiner (parfois juste une petite plaque électrique et une casserole minuscule…). C’est très frustrant pour nous qui aimons nous faire à manger. Cette situation combinée avec le fait de trouver difficilement des produits de qualité nous pousse à manger très souvent au restaurant. Et donc pas forcément très diététique. Nous adoptons finalement une alimentation plaisir de « vacances » (nourriture riche, glaces, desserts…) alors que nous sommes (comme) « en vacances » toute l’année…
  4. L’envie, parfois, d’avoir des amis plus que quelques jours. De ne pas avoir, à chaque rencontre, à reprendre le fil de notre vie, mais juste passer des moments beaux et simples avec des gens que l’on apprécie de voir souvent. Et de pouvoir le faire concrètement (c’est à dire dans le monde réel, pas via les réseaux sociaux !). Bien entendu, les rencontres bien qu’éphémères avec les locaux ou d’autres voyageurs nous procurent une vraie joie et nous permettent de mieux appréhender la diversité de ce vaste monde. Et pour rien au monde nous ne pourrions nous passer de cette richesse.
  5. Enfin, nous sentons souvent l’envie de retrouver un « chez nous ». Nous avons le camping-car qui joue actuellement ce rôle. Mais, nous aimerions, lorsque nous sommes en France, avoir un endroit où retrouver nos affaires, que nous pourrions décorer avec les différents objets rapportés de nos voyages, sans pour autant trop redevenir trop matérialistes. Bref, un endroit où nous nous sentons bien, sans superflu. Nous aimerions également avoir un jardin que nous pourrions cultiver et, éventuellement, accueillir d’autres voyageurs et des woofers.

Conclusion : on arrête d’être nomades ?

Le constat dressé ci-dessus est là où nous en sommes dans notre cheminement de pensée : nous avons identifié certains freins, il nous reste à trouver la (les) solution(s) !

Ainsi, nous avons en tête que nous aimons toujours autant voyager, et que nous ne souhaitons pas arrêter de découvrir de nouveaux endroits et de nouvelles cultures.

A contrario, nous apprécions de moins en moins d’enchaîner les destinations. Nous n’avons presque jamais de moment où nous pouvons nous poser pour nous souvenir de ce que nous venons de vivre et de visiter ; nos souvenirs sont rapidement effacés par des nouveaux, et ainsi de suite.

Bien que très riche, c’est assez frustrant, et fatigant. Idéalement, nous pensons qu’il serait mieux, comme dans une vie « classique » de PARTIR en voyage puis d’en REVENIR.

Ainsi, voyager pour voyager quelques mois dans l’année et non pour vivre à l’étranger en nomades digitaux nous conviendrait certainement mieux. En tout cas, c’est le cas à ce jour avec des enfants en bas âge.

Les voyages et la découverte, nous ne pouvons plus nous en passer !

Cela nous imposera certainement de nous sédentariser quelque part. Et très certainement en France, ce pays que nous aimons malgré ses contrastes et contradictions, où nous comprenons les codes et la culture, où il nous semble plus facile et évident d’avoir une vie en accord avec nos aspirations écologiques. Et ça change tout, ça simplifie tout. Bien entendu, on en aura vite marre et on aura envie de découvrir d’autres cultures. Le voyage est là pour ça ! Mais le retour au bercail fait du bien, cela fait 3 ans que nous le comprenons de plus en plus.

Se sédentariser pourrait nous permettre éventuellement de scolariser, au moins partiellement, Éléanor puis Victor. Là-dessus, nous sommes malgré tout plutôt réticents, car nous trouvons beaucoup de défauts au système scolaire. Nous regardons plus du côté des écoles alternatives par exemple les écoles démocratiques. Si vous avez des pistes ou des tuyaux, nous sommes preneurs !

Concernant l’endroit où poser nos valises, nous n’en avons pas la moindre idée. S’installer en Bretagne est tentant car nous y avons nos familles et nos amis, mais nous ne sommes pas sûr que c’est ce que nous voulons. Il y a d’autres coins de France qui nous inspirent : l’Ardèche, les Cévennes et l’Arriège par exemple. Mais, finalement, plutôt que de choisir un endroit nous aimerions que l’endroit nous choisisse, en trouvant par exemple un écovillage ou une communauté où nous nous sentirions bien. Là aussi, nous sommes preneurs de vos expériences et adresses ! 🙂

Bref, nous avons quelques pistes de réflexions, mais pas de solutions… :-/

Comme nous croyons à la magie des rencontres et dans la pensée constructive, nous allons dès cet été repartir sillonner les routes avec notre camping-car en quête de réponses, sinon – a minima – de solutions acceptables pour le bon équilibre de notre famille.

La liberté s’appréhende ainsi : on identifie les désirs de chacun, on teste des choses, puis on trouve le bon compromis. Et – éventuellement – on recommence…

C’est reparti pour des aventures à bord de notre camping-car !

10 réflexions au sujet de “Bilan de l’année écoulée (avril 2018-juillet 2019) : et si nous n’étions pas faits pour être nomades ?”

  1. Belle synthèse, de magnifiques destinations et une analyse intéressante. Heureuse de vous revoir prochainement les amis. En espérant que vous trouverez votre bonheur et un composteur 😉
    Elo

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  2. Coucou les voyageurs ! Avez-vous pensé à faire du volontariat ou du woofing pendant vos voyages ? C’est semble-t-il ce qui repond le mieux aux diverses aspirations et interrogations que j’ai pu lire dans l’article : passer du temps chez des locaux (2 semaines, un mois ou plus), travailler avec eux quelques heures par jour, partager leurs vie, leur loisirs, rencontrer leurs amis ou les acteurs locaux tout en mangeant comme eux (souvent tiré du potager bio)… il suffit de bien choisir son hôte en fonction de vos intérêts et du fait que vous voyagez en famille. Et vous pouvez aussi le faire en France pendant votre périple en cc. Nous l’avons fait une quinzaine de fois en voyage en famille en tant que volontaires, et maintenant nous le faisons en tant que hôte en France : c’est très inspirant ! Bonne continuation à vous 4

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    • Nous y avons déjà pensé, mais n’avons jamais franchit le pas. Avec 2 enfants en bas âge cela nous paraissait compliqué de donner du temps pour travailler. Mais c’est vrai que nous avons de plus en plus de retour de familles ayant fait du woofing ou du workaway dans des endroits très family friendly où le travail demandé était plutôt minime, voire symbolique. Alors, oui, il va falloir que l’on teste ça !

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  3. A l’heure où être « digital nomad » fait rêver, tente beaucoup de monde (moi y compris) et peut faire culpabiliser (quel bonheur d’avoir les enfants toute la journée avec soi, leur faire découvrir le monde…), cet article, très honnête et réaliste démontre que ce n’est pas une fin en soi et qu’être sédentaire et aimer voyager c’est bien aussi !

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  4. Merci pour ces magnifiques photos en famille et pour votre partage honnête et tout en nuances… Si l’idée d’un grand voyage en famille reste dans ma tête et se fera peut-être un jour.. ou pas…. , voir évoluer mon jardin, récolter nos légumes, vivre à la campagne dans notre petit paradis à nous dans l’instant présent me permet d’apprécier le quotidien et de ne plus être dans la frustration/projection constante… !

    Bon vent à vous 4, ici ou ailleurs!
    Merci!

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  5. Ce sont ces mêmes conclusions que l’on a tiré de notre grand voyage en famille il y a déjà plus d’un an. Et on ne regrette pas d’avoir trouvé notre nid depuis. En revanche il nous reste à trouver le moyen d’être un peu plus nomade quelques mois par ans ! Pour le moment on espère réussir à partir deux mois par an. On verra si c’est un équilibre qui nous va Bon retour dans une vie sédentaire ! Je vous souhaite un chouette village (on y pense aussi de plus en plus) et une jolie école en accord avec vos valeurs. Bises !!

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  6. Coucou,
    Dites-moi, cela vous manque la vie de nomade ou vous êtes plutôt content de vous être enfin posé ? J’imagine bien que cette décision a dû être difficile à prendre.

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    • En fait, plutôt que de choisir entre vie nomade et vie sédentaire, nous sommes plutôt dans un entre-deux : moitié du temps nomade et moitié du temps sédentaire. On verra à l’usage si cela nous convient 🙂

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